Qu'est-ce que la maladie de Kennedy ?
Symptômes et définitions
La maladie de Kennedy, aussi appelée amyotrophie bulbo-spinale liée à l'X (AMSB) ou Spinal and Bulbar Muscular Atrophy (SBMA), est une maladie rare chronique, dégénérative, d’origine génétique, de progression lente, qui affecte les muscles et les nerfs.
Elle touche principalement les hommes et apparaît généralement entre 30 et 50 ans. Elle provoque une faiblesse musculaire progressive, des spasmes musculaires et des troubles métaboliques et hormonaux. La gravité et les symptômes varient d’un patient à un autre.
Une mutation génétique a été identifiée en 1991 par des chercheurs américains. Cette découverte a été cruciale pour comprendre les bases génétiques de la maladie de Kennedy et a ouvert la voie à de nouvelles recherches sur les maladies neurodégénératives liées aux répétitions de triplets.
La maladie de Kennedy est causée par une mutation dans un gène appelé récepteur aux androgènes (AR), situé sur le chromosome X.
Cette mutation provoque une répétition anormale d'une petite séquence de l'ADN, appelée "CAG" (les triplets).
Chez les personnes en bonne santé, cette séquence est répétée 37 fois ou moins, mais chez les personnes atteintes de la maladie de Kennedy, elle est répétée 38 fois ou plus.
Quand la séquence CAG est répétée au-delà de 38 fois, cela produit une protéine défectueuse qui devient toxique pour les cellules nerveuses, les motoneurones, qui jouent un rôle essentiel dans le contrôle du mouvement. La maladie de Kennedy touche principalement les hommes, car ils n'ont qu'un seul chromosome X. Chez les femmes, qui ont deux chromosomes X, les symptômes sont souvent moins graves, car l'un des chromosomes peut compenser la mutation. Cependant, certaines femmes peuvent tout de même présenter des signes de la maladie.
On pense que l'hormone masculine (androgène) est impliquée dans l'apparition et dans la progression des symptômes.
Le gène AR porte les informations nécessaires pour produire le récepteur aux androgènes (hormones masculines). C’est lui qui permet aux androgènes d’exercer leurs fonctions dans l’organisme. La répétition excessive du triplet CAG dans la séquence du gène AR conduit à la répétition et accumulation d’une substance, la glutamine, dans le récepteur aux androgènes. On dit que la maladie de Kennedy est une maladie à polyglutamine. La polyglutamine modifie la forme et la fonction du récepteur : le récepteur anormal s’accumule et sa perte de fonction réceptrice le rend insensible aux androgènes. Ce sont ces deux modifications qui sont à l’origine des manifestations de la maladie.

Comprendre les mécanismes
- Cause génétique : la maladie est causée par une mutation dans le gène du récepteur aux androgènes (AR) situé sur le chromosome X. Cette mutation entraîne une répétition excessive de la séquence d'ADN "CAG".
- Dégénérescence nerveuse : l’accumulation de la protéine responsable, le récepteur mutant des androgènes, tue les cellules de la corne antérieure de la moelle épinière, entraînant une atrophie musculaire (atrophie neurogène).
- Dégénérescence musculaire : en plus de l'atrophie musculaire neurogène, on pense que l'atrophie musculaire est causée par l'accumulation de récepteurs androgènes mutants, qui sont les protéines responsables, dans les cellules musculaires.
Réseau neuronal impliqué :
Cerveau → Tronc cérébral → Moelle épinière → Cellules de la corne antérieure de la moelle épinière → Nerfs périphériques → Jonction neuromusculaire → Muscles.
Comment se transmet-elle ?
La maladie est transmise de manière récessive liée à l'X.
Pour simplifier :
- Aucun des fils d’un homme malade de Kennedy ne sera malade ni ne transmettra la maladie.
- Toutes les filles d’un homme malade seront conductrices de la maladie, c’est-à-dire qu’elles peuvent, elles-mêmes, transmettre à leurs enfants dans 50 % des cas, le gène mutant.
Voir diagnostic.
Voir les schémas sur Orphanet et conseil génétique pour ceux qui le souhaitent.
Est-ce possible ?
Bien que la maladie de Kennedy soit invalidante, beaucoup de patients continuent à vivre une vie relativement normale pendant de nombreuses années après le diagnostic.
S’il n’existe pas pour le moment de traitements curatifs (comme dans de nombreuses maladies), il existe différentes thérapies visant à ralentir sa progression et à contrôler les symptômes.
En France :
La prévalence de la maladie de Kennedy est de 1/30 000 naissances masculines avec une incidence annuelle de 1/526 000. C’est donc une maladie très rare, ou sans doute sous-diagnostiquée, à cause de l’errance diagnostique, et des difficultés rencontrées par les patients à être écoutés et aiguillés.
Dans les pays francophones :
La prévalence de la maladie de Kennedy en Suisse, en Belgique et en France, se situe généralement entre 1 et 2 cas pour 100 000 hommes, un chiffre cohérent avec les estimations mondiales pour cette maladie rare.
Au Japon :
La prévalence de la maladie de Kennedy au Japon est plus élevée que la moyenne mondiale. Elle est estimée entre 2,6 et 4 cas pour 100 000 hommes.
Cette prévalence plus élevée pourrait être liée à des facteurs génétiques spécifiques ou à une meilleure sensibilisation et détection de la maladie au Japon.
En Finlande :
En Finlande, la prévalence est également plus élevée que la moyenne mondiale. Elle est estimée entre 1,3 et 2,5 cas pour 100 000 hommes.
La Finlande a certaines particularités génétiques en raison de son histoire d'isolement de population, ce qui pourrait expliquer cette prévalence plus importante.
La maladie de Kennedy est une maladie à polyglutamine causée par l'expansion anormale du triplet CAG dans le gène AR, qui code pour le récepteur aux androgènes. Cette expansion entraîne la production d'une protéine contenant une longue séquence de glutamines (polyglutamine), modifiant la structure et la fonction du récepteur. Ce dernier devient progressivement dysfonctionnel, ce qui entraîne une insensibilité relative aux androgènes, et s’accumule sous forme d’agrégats toxiques dans les cellules nerveuses et musculaires. Ces deux mécanismes — perte de fonction et toxicité du récepteur muté — sont à l’origine des symptômes de la maladie.